jeudi 24 janvier 2013

Il était une fois...un petit pois

« Petit poids », voilà la dure sentence de la naissance d’Hidaya… A cause de ma pré-éclampsie, ce petit pois a été enfermé dans une petite boîte chauffante loin de moi, loin de ma peau brûlante du désir de l’avoir contre moi à chaque instant et pour toujours. Un tout petit pois d’1kg960 pour 45 petits centimètres. Je n’y croyais pas, on m’avait préparée pourtant un peu avant le déclenchement, une pédiatre était venue et m’avait parlé de césarienne, de couveuse, de néonatalogie…parce que j’attendais un petit pois…pfff je n’avais écouté que d’une oreille, ça n’était pas possible, pas au point d’aller vers tout ça, petit pois devait bien être au moins une petite fève ! Pourtant après l’expulsion quand je l’ai vue, j’ai réalisé, en effet moi la grande courgette j’avais fait un petit pois.
Ce petit pois il m’est resté coincé dans la gorge longtemps et je ne sais même pas s’il est digéré aujourd’hui, alors c’est pour cela que j’écris.
Mon petit pois si fragile, pendu à des fils reliés à des machines, mon petit pois gavé, mon petit pois carencé, mon petit pois qui se bat à moitié accroché à mon sein pour rattraper son retard. Cela aura duré 15 interminables jours avant que je l’embarque, semi-pois chiche, à la maison, pour le coller à ma peau et ne plus l’en retirer durant des mois.
Qu’est-ce que j’ai pu souffrir…
Dès que je la présentais à quelqu’un et que j’entendais « oh elle est si petite », ce n’était pas bien méchant mais je ne le supportais pas ce qualificatif « petite ». Alors je prenais les devants pour que la peine soit moins grande « je vous préviens c’est une crevette ! », pour que cela vienne de moi puisque de toutes façons c’était moi qui l’avais fait ce petit pois, toute coupable que je me sentais.
Le plus dur était dans ma belle famille où règnent en maîtres les préceptes de la dictature du GROS BEBE ! C’est dingue ça ! Qu’est-ce qu’il a ce monde avec les gros bébés ? « oh c’est un beau bébé ! », ce bébé grassouillet…grrr… Mon beau père répétait à chaque fois qu’il voyait Hidaya : « mais quand est-ce que tu vas grandir ? » et ma belle-maman que je sentais inquiète, qui me parlait de biberon « oui c’est vrai que les bébés grossissent bien avec le biberon », oui normal ils sont gavés !…ce n’était pas méchant, mais je sentais bien qu’en plus parce que je l’allaitais, le devenir de ce petit pois reposait ENTIEREMENT sur mes frêles épaules de maman.
Et puis il y avait mon adorable maman qui toujours voyait mon petit pois bien plus grand qu’il ne l’était haha : « mais si bien sûr que ce body va lui aller ! », ce body taille 3 mois quand mon petit pois dormait dans du naissance acheté en catastrophe après l’accouchement. Et pourtant cela m’énervait aussi « mais bon sang bien sûr que non ça va pas lui aller, c’est un fucking petit pois que j’ai fait ! »…ah quel bonheur les humeurs d’une jeune maman.
Et enfin il y avait mon amour de mari, le papa d’Hidaya ( qui bien sûr à mes yeux n’avait rien à voir avec l’origine du petit pois, j’étais seule coupable), qui a créé sous notre toit un mouvement anti bébés obèses, pro petits pois aux mensurations parfaites. Un papa toujours dans l’humour, un vrai réconfort !
Alors je me suis accrochée, j’ai couvé mon pois, je l’ai nourri de mon lait, j’ai rattrapé les heures perdues loin de lui, j’ai compensé à mort, amour…
Et il est enfin arrivé le temps de l’apaisement. Dans le carnet de santé le petit point au stylo bic du médecin décolle et se retrouve au milieu des courbes moyennes, les habits sont enfin de l’âge au dessus de son âge réel, petit pois a bien grandi, à 6 mois c’est une belle fève, que dis-je, un merveilleux haricot !
Tout cela est derrière nous, pourtant il arrive encore que les larmes coulent malgré moi quand je repense au « petit poids ».
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(Je dédie ce texte avec mille mercis : à mon homme ce papa charmant ; à ma maman qui a été mon oxygène, ma béquille, un soutien immense ; à ma famille que j’aime plus que tout ; à ma belle-famille que j’adore ; à nos amis … Etre bien entourés dans de telles expériences c’est précieux, merci !)

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