vendredi 28 février 2014

Respecter le rythme de l'enfant: les repas.



Sur ce thème des repas, j'ai vraiment fait un travail personnel et j'apprends beaucoup.

Je commencerai par vous dire que l'alimentation de l'enfant est une histoire de famille, de relations, un acte d'"éducation" . Elle participe au développement physique mais aussi psychique de l'enfant.

Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit mais ma louvette est un petit moineau en fait! Alors autant vous dire que j'ai dû prendre sur moi durant les repas.
J'ai dû prendre sur moi parce que je suis le fruit d'une éducation à coup de "il faut manger!" Je ne vais pas m'allonger sur le divan aujourd'hui mais en gros: j'étais une petite mangeuse, j'ai souvenir de moments difficiles devant l'assiette qu'il faut impérativement terminer, je suis très vite devenue la plus grosse gourmande de la famille et j'ai 10 kilos en trop aujourd'hui. C'est raccourci mais bon bref, je voulais que mon enfant mange bien , qu'il ait bon appétit comme cela est généralement de rigueur dans notre culture.

J'ai pris plaisir à allaiter car je n'avais aucun contrôle sur l'alimentation de ma fille, je pouvais ne pas intellectualiser , mon corps produisait et elle se servait, je ne pouvais pas agir sur la quantité de lait qu'elle ingérait. 
De là part une réflexion très intéressante :  pourquoi il ne nous vient pas à l'idée de forcer un bébé à terminer son biberon / ou "vider" le sein ( enfin quoique, j'ai souvenir de ma belle mère en train de me stresser à chaque fin de tétée : c'est tout? Elle a vidé le sein? Moi mes enfants vidaient les 2 seins. Propose lui l'autre ! Et patati et patata comme si un sein se vidait comme un biberon de plastique ...no comment). La plupart d'entre nous fonctionne à la demande quand le bébé est nourrisson . Il est d'ailleurs déconseillé d'imposer un biberon au timing à part si le bébé est en sous poids et qu'il dort dort et dort sans réclamer son dû et que l'on constate qu'il ne grossit pas voire perd du poids . Sinon un bébé sait manifester sa faim.

Et puis voilà qu'un jour, on lui impose 4 repas par jour à heure fixe et qu'on lui demande de terminer son assiette. 
Alors notamment pour les bébés comme ma fille habituée à prendre de petites portions plusieurs fois dans la journée , c'est un changement pas franchement terrible. Ça s'est fait progressivement il fait dire. Mais aujourd'hui encore ma puce ne mange pas forcément comme je m'y attendais.

Alors il y a eu des repas difficiles où je frôlais la crise de nerf tellement je ne le supportais pas ( à quoi cela me renvoyait dans mon histoire personnelle?).
Ma fille est une crevette alors ça me stressait ! Et en plus certaines personnes de mon entourage en rajoutait des couches : il faut qu'elle mange, elle mange rien, elle est difficile , déjà qu'elle n'est pas grosse...

Ma voix intérieure me disait de faire confiance  à ma fille , de respecter sa façon de s'alimenter mais mon cerveau me transmettait des pensées angoissantes bien malgré moi.

Et puis j'ai fini par lire des choses par ci par là qui m'ont rassurée. 

Il faut savoir tout d'abord que l'équilibre alimentaire ne se fait pas au jour le jour mais sur des semaines. Si votre enfant réclame des pâtes pendant 15 jours cela ne va pas générer de carences.
Et l'enfant est le plus à même de savoir ce dont son corps a besoin. Comme nous d'ailleurs , notre corps nous réclame parfois un aliment à tout prix car il exprime un manque spécifique à cet aliment (une forte envie de fraise tagada traduit simplement une addiction au sucre par contre! ).

Ensuite, Maria Montessori dans son livre L'enfant porte une attention toute particulière à l'alimentation. Elle développe déjà l'hypothèse que la gourmandise ou plutôt le fait qu'un enfant s'alimente vite et en grosse quantité résulte d'une déviance psychologique . Le mot déviance fait peur mais il faut le traduire comme 
une difficulté , une contrariété dans le développement de l'enfant. De même que l'enfant qui refuse de s'alimenter. Mais à la limite le premier cas est plus intéressant car dans notre société, un enfant qui mange beaucoup est bien vu, "avoir bon appétit" est très bien accepté. Et c'est là le danger. On n'aura pas le même avis lorsque ce même enfant sera obèse et alors je ne parle même pas de l'adulte obèse que l'on qualifiera d'incapable au contrôle alimentaire.
 Mais revenons à mon sujet.
Certes aucun enfant n'a le même "appétit" ou du moins n'a pas forcément besoin de la même quantité d'aliment. Mais elle a observé que l'enfant n'est pas naturellement omnibulé par la nourriture. Il mange par nécessité , le plaisir il le trouve dans la découverte , le partage, l'art de la table. Et surtout l'enfant n'a pas le même rythme que l'adulte. Il a généralement besoin de faire des pauses . Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps il était encore ce bébé qui prenait de petites quantités à cadence régulière .
Malheureusement nous, adultes, aujourd'hui: nous n'avons pas le temps. Et nous servons une assiette pleine (respectant la quantité imposée  par les sites internet , les livres, les pédiatres ou l'industrie alimentaire) dans l'espoir que notre petit la termine, rapidement afin de laisser place aux 10 millions d'autres tâches que nous avons à accomplir . Et une cuillère pour maman, et ne crache pas, et regarde l'avion, et mange pour faire plaisir à maman , et bravo et tu finis tout! Birk!

Voici quelques indices pour une alimentation dans le respect du rythme de l'enfant et de sa nature :

1) tout d'abord je ne saurai m'empêcher de commencer par le commencement :  allaitez votre bébé et encore mieux, allaitez le à la demande. L'allaitement au sein est le plus bénéfique pour l'autonomie alimentaire de votre bébé.

2) ne diversifiez pas l'alimentation de votre enfant avant qu'il ne tienne bien assis et sois capable de prendre un objet dans sa main et le porter à sa bouche .

3) consacrez tant que possible environ 30 minutes au repas ( je parle bien du repas assis hors cuisine, service et débarrassage). Ça peut être plus si tout le monde prend du plaisir. Et si une personne n'en prend plus alors qu'elle soit libre de quitter la table pour permettre aux autres de poursuivre ce bon moment . 

4) faites participer l'enfant à la préparation du repas. S'il est trop petit et ne marche pas encore, je vous invite à le porter dans le dos, assez haut pour qu'il puisse observer pardessus votre épaule éventuellement.

5) faites participer votre enfant marcheur à la mise en place de la table . C'est dans ces moments de préparation que l'enfant prend le plus de plaisir et se prépare à s'alimenter avec satisfaction.

6) prenez votre repas ensemble le plus souvent possible. 

7) laissez l'enfant se servir,  Manger avec ses mains, expérimenter la cuillère .
Cela implique de cuisiner aussi de façon adaptée à cette pratique , à votre enfant et à son âge .

8) respectez le fait que l'enfant ait besoin de faire des pauses durant la dégustation de son assiette . La plupart des enfants ne mangent pas au même rythme que les adultes, ils ont besoin de pause. C'est Maria montessori qui me l'a appris et j'ai bien vu que c'était le cas de ma louvette. Elle me dit stop "veux plus" au bout de 4 cuillères et je désespérais de ce bref appétit . Et finalement en disant ok on fait une pause, on parle, je mange mon plat, elle pense à autre chose et hop d'elle même elle reprend la cuillère . Ce fut une révélation. Au lieu d'insister et de la braquer, il fallait faire des pauses.

9) ne pas exiger que l'enfant finisse sa portion. Je vous assure de mon expérience que même si l'enfant mange 2 bouts de carottes il ne va pas tomber en sous-poids ou amenuiser son énergie . La preuve en est de ma louvette . Certes c'est une crevette mais elle a la pêche et elle est en parfaie santé. J'ai fait un gros travail sur moi et je respecte son appétit . Lorsqu'elle me dit stop ou refuse de manger, je n'insiste plus et je laisse couler. Elle se rattrape forcément à d'autres repas. Faites confiance à vos petits bouts.


10) ne vous braquez pas sur l'ordre des mets ou sur l'ordre des repas. Par exemple, parfois, lorsque Hidaya n'est pas à la crèche nous faisons 4 repas par jour car je m'adapte à son rythme . Si nous faisons des activités soutenues le matin elle a bien plus sommeil que faim arrivée à midi , du coup nous dégustons le dessert . Elle fait sa sieste et mange le plat à son réveil : véridique!


11) l'idée maîtresse dans le respect du rythme de l'enfant et qui résulte de tous les points ci-dessous, c'est l'AUTONOMIE. Rendez autonomes vos enfants, laissez les être acteurs, soyez un guide, un soutien mais ne faites pas à leur place ou ne pensez pas à leur place car notre vision d'adultes est parfois un peu trop rigide. Pour ce faire, pensez à vote enfance , remémorez vous votre âme d'enfant.

Ce n'est pas forcément facile tous les jours mais je vous assure que moi je me sens mieux depuis que je retire mon intellect des repas de ma fille et je suis sûre qu'elle est destressee de son côté et cela se voit.

Et vos idées dans l'autonomie des repas et dans la confection des repas pour les enfants petits mangeurs sont les bienvenues ici :)

Et bon appétit bien sûr! 




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